mardi, février 06, 2007

Chimères

I-
Il n’y avait rien de changé. Le cœur était toujours là, caché au creux de l’univers moite et rose du sein fragile. Au gré des exhalations précipitées, la bouche s’ouvrait, puis se refermait. Les mains frôlaient le visage, le cœur, mais le toucher restait insensible. Les regards brillaient, mais le triste et le rire s’indifférenciaient. C’était une belle journée d’hiver, mais nous étions encore dans octobre, alors le printemps ne nous frôlait pas. Il s’en allait, s’emmêlait dans les jupes tournantes des filles, rejaillissait des sourires, mais nous laissait toujours durs comme des diamants. C’est-à-dire que nous collectionnons les pierreries les plus exotiques, mais nous les gardions pour nous lorsque les moments dorés revenaient. Et cela arrivait de temps en temps. De moins en moins, mais alors que nous perdions la foi, ils nous éblouissaient, et nous réentendions battre les cœurs de chacun. C’était souvent au ciel d’octobre, et nos diamants fondaient de nos yeux jusqu’à prendre la forme de phantasmes qui se baladaient un peu partout et s’emportaient selon des courants étrangers.


II-
Ciel d’octobre, nous rêvions à la chaleur diffuse sur les peaux brunes, à l’animalité qui éloigne des lignes des métropoles, des élans des rapaces, et du rire jaune du fonctionnaire. Ah jungles amazoniennes, tribus indigènes, insectes tropicaux, curiosités lointaines ; nous rêvions de bagages et de liberté, nous rêvions Sensations, du vent des voiles au saut du phoque, du panda rigolard aux déserts sahariens. Loin des Louis multiples, nous lui préférions la majesté khmère, et Versailles n’était qu’une esbroufe face au Taj Mahal ; Erigé pour l’amour d’une déesse mortelle, nous ne connaissions que les légendes des temps anciens, nous caressions des yeux le buste de l'égyptien. Amoureux ; c’est au bout du monde que nous cherchions l’Etoile de l’inhérent, abusif voyage, nous voyagions de contrées en contrées, les paumes en aumônes d’attendre de donner, et les bouches sur les cœurs, aspirer onirismes silencieux. Nous embarquions sur l’albatros, et nos bagages remplis de silence l’alourdissaient de non-dits, le faisaient pencher sur l’Humanité qui nous retrouve, que nous aimons... C’est pour toi Humanité que nous reviendrons chargés de merveilles émerveillantes, de fruits et d’espoirs, d’amour toujours dense, de langueur éternelle…


III-
De son étreinte passionnée, elle empoigne la cité tant aimée ; et d’être toujours rejetée, c’est au fond des abysses qu’elle emporte son secret. La pieuvre et l’Atlantide.